Saurat, les escaisnoms des morts « pour la France » !

Guerre 1914-1918 : A Propos du monument aux morts de Saurat

Per Gèli Grande

Saurat est une commune du canton de Tarascon sur Ariège dans le département du même nom. Elle est située sur la route du col de Port qui mène à Massat en Couserans.  

En 1911 Saurat comptait 2640 habitants. Dix ans plus tard il n’y avait plus que 2164 Sauradèls. La boucherie de 1914-1918 était passée par là, ajoutant son cortège funèbre à un exode rural déjà bien entamé à l’époque.

Au moment où commence le premier conflit mondial, Saurat est un village comme il y en a tant en pays occitan. Malgré 30 ans de répression linguistique planifiée par l’état français sous couvert d’école laïque gratuite et obligatoire en français depuis 1882, on continuait majoritairement à parler occitan en famille et avec les amis parce que c’était la seule langue que l’on maitrisait vraiment.

Entre le 2 août 1914 et le 11 novembre 1918, Saurat va payer lourdement le tribut du sang.

91 Sauradèls – pour la plupart de jeunes adultes - mourrons pour et surtout à cause de la France et serons perdus pour l’Occitanie.  

91 morts soit 3,44% des habitants du village sacrifiés pour aller reprendre l’Alsace « une province perdue » par l’impérialisme français en 1870 et qui aurait dû rester allemande.   

Comme dans tous les villages de l’état français, à la suite du conflit on verra fleurir un monument aux morts de cette absurde guerre.

Celui de Saurat a une grande originalité. Par année, pour chaque soldat mort est indiqué le nom de famille, le ou les prénoms et … (à quelques exceptions près) le surnom ou escaisnom très généralement en occitan par lequel il était connu dans le village.

18 Maury, 12 Blazy, 11 Marrot, 7 Galy, 6 Carbonne, 6 Fournie, 5 Pagès, 4 Fourcade,

3 Bonnel, 3 Estebe,  3 Prat, 2 Massat, 2 Roques, 2 Surre.

1 Tacha, 1 Hazar, 1 Dessort, 1 Loubet, 1 Doumenjou, 1 Jauze, 1 Souquet.

22 familles touchées par la faucheuse. Pour les plus endeuillées, force est de constater qu’à aucun moment l’armée français n’organisa une opération « Il faut sauver le soldat Maury, Blazy, Marrot etc …… ».

Pour l’année 1918, aucun mort pour cause de guerre ne fût à déplorer dans les foyers Sauradèls.

Au hasard de mes pérégrinations estivales sur les terres de Gaston Febus, j’ai découvert que le monument aux morts de Merens (entre Ax les Thermes et l’Andorre) est conçu comme celui de Saurat. Peut-être que d’autres communautés villageoises ont agi de même ….. je n’en serais pas étonné. 

Malgré ce massacre vieux d’un siècle, la langue et la culture occitane sont toujours bien vivantes à Saurat. Le village est depuis 2002 le lieu d’un festival annuel qui a nom Festen’Òc. festenoc@netcourrier.com

Année 1914 : 23 morts

Année 1915 : 23 morts

Année 1916 : 22 morts

Année 1917 : 23 morts